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LE GRAND SILENCE BLANC

l’écart pour savourer la joie de se sentir moins seul, moins perdu dans l’immensité de ces terres mystérieuses.

Pour ceux qui n’ont rien, les doigts se replient, la main se contracte et retombe, la face reprend son masque, le front barré, le regard dur, les maxillaires crispés.



— Ouf ! c’est fini, déclare Gregory Land qui a rangé son traîneau et libéré ses chiens, et je vous vois venir : vous voulez savoir lequel parmi ces garçons est celui qui nous intéresse. Aucun de ceux-là, venez avec moi.

Habitué à ses manières, je le suis sans demander d’autres explications. Nous remontons le camp qui vit d’une vie particulière, puisque c’est aujourd’hui dimanche.

Kid’s City a, naturellement, sa rue centrale, pompeusement appelée Broadway. Passé Broadway, il n’y a plus que les champs de neige à l’infini. C’est pourtant sur cette route que Grégory s’engage. Nous tournons à droite et, soudain, j’ai devant mes yeux le plus inattendu spectacle, la chose la plus imprévue qui soit : j’ai devant les yeux, en plein Alaska, dans un camp de mineurs, par une température qui dépasse