Page:Rouquette - La Thébaïde en Amérique, 1852.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

servent la terre des foudres du ciel !

« L’exemple des Nazaréens et des Esséniens parmi les Juifs, et celui de tant d’hommes parmi les chrétiens, lesquels se sont sanctifiés dans la retraite, prouve évidemment que Dieu appelle plusieurs de ses élus à la vie contemplative »

« Marthe est l’image de la vie active, Marie l’image de la vie contemplative ; elles sont sœurs, étroitement unies l’une à l’autre ; elles ont le même but, plaire à Jésus ; mais l’une y va par beaucoup d’actions extérieures, l’autre par une voie plus directe, la vue même de Jésus, l’amour de sa parole. Toute vie chrétienne a pour fin dernière, de voir, de contempler éternellement Dieu en lui-même. La vie qui fait son principal de s’exercer dès ici-bas à cette contemplation divine, est la meilleure part ; à qui elle est donnée, la mort même ne la lui ôtera point ; elle continuera plus parfaite dans l’éternité. La vie qui fait son principal de servir Dieu par les œuvres extérieures, est une part certainement bonne ; mais elle expose l’homme au trouble et à l’embarras : sous ce rapport elle cessera dans le ciel. Il ne faut pas s’imaginer cependant que la vie contemplative soit sans action, ni la vie active sans contemplation ; on les distingue par ce qui domine en chacune. » (Hist. univ. de l’Église, par Rohrbacher. vol. 4. p. 130.)

« En entendant parler de contemplation, de religieux contemplatifs, certains hommes de nos jours, qui se piquent de philosophie et se croient philosophes, souriront peut-être de pitié. C’est qu’ils ignorent de quoi il est question. La philosophie est la science des vérités générales dans l’ordre naturel : science, connaissance raisonnée, méditée, approfondie ; science des vérités générales qui constituent le bon sens, la raison humaine, non des vérités particulières qui constituent les sciences spéciales ; science dans l’ordre naturel ou de la nature, distingue d’avec l’ordre de la grâce ou l’ordre surnaturel ; le premier se bornant à l’homme tel que l’homme est en lui-même, comme intelligence incarnée ; le second élevant l’homme au-dessus de sa nature par la grâce, et le disposant à voir Dieu tel que Dieu est en lui-même, et non seulement tel qu’il se montre à travers les créatures. En d’autres mots, la philosophie est la contemplation des vérités générales dans l’ordre naturel, et les philosophes sont les religieux contemplatifs de cet ordre.

« Mais, au-dessus de la philosophie ainsi entendue, s’élève la théologie, science des vérités religieuses, tant dans l’ordre naturel que dans l’ordre surnaturel, mais principalement dans ce dernier. Elle embrasse ainsi le ciel et la terre, le temps et l’éternité, Dieu et l’homme ; Dieu et ses œuvres, Dieu considéré, non seulement à travers ses créatures, mais en lui-même ; l’homme avec ses destinées présentes et futures. Elle présente ainsi à l’intelligence du chrétien un ensemble immense de vérités, mais de vérités vivantes et vivifiantes, que l’éternité tout entière ne suffira point à connaître, à contempler, à aimer.

{{t| « Au milieu de cet océan immense de vérité, de lumière, l’esprit du chrétien vit et agit librement comme le poisson au milieu de l’onde. Voyez, en effet, le poisson dans l’océan sans bornes. Il vit, il s’y promène, il s’y repose ; il s’élève jusqu’à la surface, il se plonge jusque dans les abymes, il s’élance avec impétuosité, il repose et dort immobile, toujours dans son élément, qui est sa vie et son bonheur : son malheur et sa mort seraient d’en sortir. Ainsi en est-il de l’âme chrétienne dans cet océan incommensurable des vérités religieuses. De là, dans l’Église catholique, pour les âmes ferventes, ce besoin de prière, d’oraison, de méditation, de contemplation. De là, dans l’Église catholique, cette existence et cette nécessité si peu comprise des ordres comtemplatifs. » (Vol. 14. p. 294.)

« Dans l’Église de Dieu, la contemplation religieuse n’est que l’exercice le plus élevé et le plus pur de l’intelligence créée ; c’est l’apprentissage le plus élevé et le plus pur du ciel et de l’éternité. Ensuite, l’Église de Dieu étant la communion ou l’union commune et vivante des saints et des choses saintes, cet exercice, cet apprentissage ne profite pas seulement à l’individu qui le fait, mais au corps entier dont il est membre ; c’est pour l’Église entière comme une nouvelle source de grâces, de lumières, de forces et de vie : grâces, lumières, forces et vie, qui se portent mystérieusement vers la partie de l’Église qui en a le plus besoin, comme dans le corps humain les esprits vitaux se portent naturellement vers le membre qui en a le plus besoin. » ( Vol. 6. p. 437.)

« Un célèbre contemplatif trace le portrait suivant de Saint-Paul, ce parfait modèle des solitaires : Saint-Paul l’ermite ne recevant pas cet ordre d’agir et de se com-