Page:Rouquette - La Thébaïde en Amérique, 1852.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« physiologique. En un mot, l’humidité épuise les nerfs tout aussi directement que la débauche. Aussi les pays secs, bien exposés à la lumière, et dont l’air est suffisamment électrique, offrent-ils des hommes non seulement plus vigoureux, mais plus spirituels. De sorte que les dessèchements favorisent le développement de l’électricité au milieu de l’atmosphère ; et l’homme, s’imprégnant avec plus d’abondance de ce fluide en quelque sorte cérébral, voit se développer en lui ce système encéphalique qui le place à la tête de l’échelle organique des êtres. » (De l’Unité spirituelle, par Blanc Saint-Bonnet, p. 1003, 1017, 1018.)

« L’influence du climat sur le caractère et les passions est un fait qu’on ne peut révoquer en doute, et dont l’observation remonte à la plus haute antiquité. Hippocrate, Platon, Aristote, Cicéron, etc., ont reconnu et proclamé que le climat contribue puissamment à déterminer la constitution physique et morale des différents peuples… Toutefois, cette influence du climat n’est pas tellement puissante qu’on ne parvienne à la corriger par les autres modificateurs de l’organisme, notamment par l’éducation. » (Descuret, La Médecine des passions, p. 32.)

« L’intime harmonie entre l’homme et le pays qu’il habite est un fait constant et universel. L’esprit et le cœur, surtout chez les hommes d’un tempérament délicat ou d’une constitution nerveuse, se trouvent sous l’influence immédiate des impressions du dehors. » (Poujoulat.)

« Qui ne sait l’influence qu’exercent sur nous les lieux où s’est éveillée notre jeunesse, les premiers tableaux qui ont frappé nos regards, les premières impressions qui ont saisi notre esprit ? Il y a des siècles que l’on a comparé, dans une image pleine de grâce, l’âme de l’homme à un vase qui conserve la saveur des parfums dont il a été imprégné…

« À chaque pas que l’on fait dans l’étude de la nature humaine, on est saisi du rapport constant qui existe entre le monde moral et le monde physique.

« En thèse générale, deux sphères d’action exercent surtout un puissant empire sur notre caractère et nos goûts ; la vie du monde et la solitude. Voici un homme qui, tout jeune encore, vous étonne par la souplesse de sa parole, par son genre d’esprit vif, léger, prompt à la repartie, et disposé au sarcasme plutôt qu’à l’admiration. Voyez s’il n’a pas vécu de bonne heure au milieu d’un monde qui l’a façonné à ses mobiles allures ; qui, en éveillant son attention sur les idées courantes, l’a habitué à glisser ingénieusement à la surface des choses et l’a détourné des conceptions sérieuses, dont l’étude gênerait la liberté de ses mouvements, en absorbant une partie de ses facultés.

« En voici un autre, au contraire, qui est grave et rêveur ; qui, dans les gazouillements variés d’un salon, n’échappe qu’avec peine à la préoccupation d’une pensée secrète ; qui n’accorde qu’un sourire de complaisance à mainte saillie soudaine dont tout le monde s’égaie autour de lui, mais qui conserve sous de froides apparences une constante ardeur et de nombreuses admirations. Remontez le cours de sa vie, et voyez si son enfance ne s’est pas écoulée dans le silence de la retraite, dans la contemplation de la nature, qui conduit l’imagination à la rêverie et porte le cœur à l’enthousiasme.

« Nulle part l’influence de la nature ne se fait plus vivement sentir que dans les contrées, où l’homme vit solitairement sur les rives d’un lac, aux bords d’une forêt. » (X. Marmier.)

Qu’on s’imagine alors l’influence que doit produire sur ses enfants cette grande et sauvage nature américaine ; cette nature primitive, inculte, exubérante ; ici, gracieuse et variée ; là, magnifique et monotone ; et partout, austèrement belle et pleine d’un charme indéfinissable de vague harmonie ; cette nature mélancolique qui exerce sur l’âme une si douce et mystérieuse attraction.

Écoutons maintenant le témoignage d’un médecin sur les funestes effets de la contrainte du génie, ou d’une fausse application de notre talent naturel.

« L’Étude de l’homme nous apprend qu’il naît avec des dispositions morales, dépendantes de l’influence du climat, du tempérament, de la prédominance de certains systèmes d’organes sur les autres, et du mode particulier de l’organisation du cerveau. Ces dispositions ne se développent ordinairement qu’avec l’âge ; et quoiqu’elles restent plus ou moins longtemps dans une sorte d’état