Page:Rouquette - La Thébaïde en Amérique, 1852.djvu/102

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« sensibilité : on les voit réussir dans les beaux-arts et dans presque toutes les branchés de la littérature. » (La Médecine des Passions, par Descuret, p. 41.)

« On remarque chez les personnes nerveuses, une vivacité extraordinaire dans les sensations, une imagination brillante et féconde, un esprit vif et pénétrant, qui saisie promptement les vérités métaphysiques et abstraites. Leur grande activité intellectuelle s’essaie sur tous les sujets, s’exerce dans tous les genres de composition, et souvent avec succès ; leur haute intelligence produit souvent des morceaux sublimes, et quelquefois même elle enfante des chefs-d’œuvre. Ce tempérament est le plus propre à la culture des hautes sciences philosophiques, aux spéculations et aux méditations métaphysiques, aux mathématiques transcendantes, etc… On trouve chez les sujets nerveux la sensibilité, l’impressionnabilité et la susceptibilité au plus haut degré d’exaltation, et tout cela le plus souvent s’allie à une grande, une excessive mobilité. » (Debreyne, Précis de Physiologie humaine.)

Les personnes privilégiées, que la nature a douées de ce tempérament, sont plus incompréhensibles, plus mystérieuses ; elles paraissent plus extravagantes, et sont plus souvent et plus profondément blessées dans leur délicatesse et leur sensitivité ; mais aussi c’est surtout chez elles que se manifestent tous les phénomènes d’intuition, qui déconcertent les orgueilleuses prétentions de l’esprit, les profondes et patientes élucubrations de la science, et les tardives conclusions d’un raisonnement qui parcourt toute la longue chaîne des syllogismes scolastiques, sans en supprimer un seul.

« Non, les grandes pensées ne sont point filles du raisonnement. Presque toutes les découvertes heureuses, les plus sublimes, comme les plus précieuses conquêtes de l’esprit humain, sont dues à l’inspiration ; lumière spontanée, mystérieuse, qui, tout à coup, illumine l’intelligence de l’homme, sans qu’il sache lui-même d’où elle vient. Je dis inspiration, aucun autre mot ne m’ayant semblé rendre d’une manière exacte cet admirable phénomène. » (L’Art d’arriver au vrai, par Balmès, p. 129.)

« L’intuition est la faculté de voir sans efforts ce que d’autres ne découvrent que par un travail pénible et soutenu. Il est encore nuit pour le vulgaire, et le soleil est déjà levé pour celui qui est doué de l’intuition. Une idée, un fait insignifiant en apparence, lui révèle mille relations, mille circonstances inconnues. » (L’Art d’arriver au vrai, p. 133.)

Le cœur a ses lumières, — lumières intuitives et certaines, auprès desquelles toutes les lumières de l’esprit ne sont souvent que de vagues et douteuses clartés : la science du cœur c’est, en quelque sorte, la science infuse ; le cœur seul peut comprendre le cœur.

« Suivant Saint-Thomas, raisonner est une marque de la faiblesse de notre esprit. La faculté de développer nos idées nous a été donnée pour suppléer à cette faiblesse. Les anges comprennent mais ne raisonnent pas. Plus une intelligence est élevée, plus le nombre de ses idées décroît, parce qu’elle enferme, dans un petit nombre de ces types des choses, ce que les intelligences d’un degré inférieur distribuent en un nombre plus grand.

« Ainsi les anges du plus haut degré embrassent, à l’aide de quelques idées seulement, un cercle immense de connaissances. Le nombre des idées va se réduisant toujours dans les intelligences créées, à mesure que ces intelligences se rapprochent du Créateur ; et Lui, l’Idée par excellence, l’Être infini, l’Intelligence infinie, voit tout dans une seule idée ; idée simple, unique, immense ; idée qui n’est autre que son essence même.

« En effet, les esprits d’élite ne se distinguent point par la quantité de leurs idées : ils n’en possèdent qu’un petit nombre, dans lesquelles ils embrassent le monde… Il y a dans toutes les questions un point de vue culminant, où se place le génie. De ce faîte, son regard domine l’ensemble des choses. » (L’Art d’arriver au vrai, 137-138.)

« Les grandes jouissances intellectuelles, bien loin d’abréger l’existence, comme le font les jouissances animales, servent au contraire à prolonger la vie. L’étude ne