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qu’il ne fuit l’homme. Il est plutôt domestique que sauvage. Il s’apprivoise facilement, et vit dans les maisons. Il a toujours existé des psylles qui pouvaient manier impunément les serpents et en faire ce qu’ils voulaient. Le serpent a joué un grand rôle dans le drame de l’humanité naissante. C’est sa forme que prit le démon, pour tenter et faire succomber la première femme. Il tente encore, de nos jours, et séduit une grande partie de la famille humaine ; il en obtient un culte immonde, et des autels souillés de larmes et de sang. Il est, aujourd’hui comme autrefois, le même impressionnable et mystérieux amateur de musique : Un instrument qui joue, une voix qui chante, la moindre note mélodieuse le fait sortir de sa retraite, l’attire et le magnétise ; il avance, comme porté par les ondulations des vagues de l’harmonie : C’est ainsi que le moqueur l’attire par sa voix magique, pour en être bientôt la victime et la proie : Il étouffe dans ses replis glacés l’harmonie du chantre merveilleux.

Mais, quel instrument, quelle voix est comparable à la voix humaine, traduisant les émotions intimes de l’âme, dans cette langue mystérieuse de l’infini ; cette langue, qui commence là où s’arrête la parole ; cette langue qui exprime l’ineffable par toutes les nuances idéales les plus délicates du coloris des sons.

Rosalie continuait toujours de moduler son chapelet de notes mélodiques, dans le silence de