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satisfait pas ce cœur avec ce qui germe de la poussière et doit retourner à la poussière ? Plus l’âme d’Atala se rapprochait du Centre Eternel de son amour, plus le mouvement qui l’y précipitait, plus l’attraction qui la sollicitait devenait puissante et irrésistible : Elle y gravitait de tout le poids de cet amour, toujours croissant, et toujours plus violemment attiré par son Objet Divin.

Mais il est temps de parler d’un personnage, qui, ne se plaisant plus dans la société des civilisés de l’Europe, était venu demander aux Sauvages de l’Amérique de le recevoir parmi eux. Au lieu de chercher à civiliser les Sauvages, il avait cru plus sage et plus facile de se faire Sauvage. Après s’être fait Sauvage, il avait conservé assez du civilisé pour être distingué du Sauvage, et assez pris du Sauvage pour n’être plus regardé comme civilisé : C’est était le trait-d’union des deux extrêmes. Il appartenait à une des grandes familles de la noblesse bretonne ; il aurait pu prétendre aux plus hautes charges ; il en avait rempli de très-importantes ; il renonça à tout, et aima mieux descendre jusqu’à se faire Sauvage : Selon lui, c’était monter. A ce demi-sauvage, à ce demi-civilisé, à ce nouveau Daniel Boone, ses frères du désert avaient donné le nom de Hopoyouksa, l’Homme-Sage : C’était, en effet, un grand sage ; c’était un vrai philosophe ; c’était Chateaubriand ne retournant plus en Europe