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nécessaire dans mon ajoupa. Je pourrais avoir le superflu. J’ai la liberté, et que m’offres-tu en échange de cette liberté qui m’est si chère ? Va chercher une autre femme capable de te comprendre et de partager ta passion exaltée ; moi, je suis trop simple pour être passionnée, trop ignorante et insensible pour comprendre tes sublimes transports ; laisse l’humble fleur dans un coin obscur de la forêt ; ne viens pas troubler sa paix profonde ; va porter loin d’elle les inquiétudes de te désirs orageux, qui ne seront jamais satisfaits : Ecoute ! n’entends-tu pas, dans son lit de limon, le crocodile qui rugit, semblable à toi, dans les fureurs de ses amours qui souillent les roseaux écrasés sous son poids ? » Plus prompt que la foudre, et avec un geste menaçant, l’Indien fit un bond vers Rosalie, et éclata ainsi : « O femme  ! sombre abîme, mystère impénétrable, énigme de la nature, à la dureté de ta froideur impitoyable tu ajoutes la torture raffinée de ton ironie et l’accablante humiliation de ton dédain ! … La corneille n’a pas craint d’insulter l’aigle ! » Rosalie, qui, jusqu’alors, était restée assise, se levant soudain, et se dressant avec majesté, dans la chaste indignation de son âme blessée, lui jeta ces paroles : « Est-ce être froide, que de ne vouloir aimer que Celui qui est un feu consumant, et qui a créé le soleil de la zone torride ? Est-ce être froide, que de concentrer sa vie dans un foyer ardent, et de n’en rien