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vengeresse. Et, qu’on l’écoute, ou qu’on ne l’écoute pas, il répand les flots de son harmonie, ou laisse éclater les foudres de ses saintes colères et de ses justes vengeances ; il marque les fronts flétris du thêta de l’ignominie ! On peut essayer de le mettre au-dessous des hommes vulgaires, courbés sous le poids d’un grossier matérialisme, ou perdus dans la poussière de stériles subtilités ; mais ses pensées s’élèvent et planent, et dominent dans la région où la foudre précipitent le vol de l’aigle : Les hommes de la matière passent, le siècle de ces hommes passe avec eux ; mais les notes divines qui tombent de la lyre du poète ont des échos qui les répètent de siècle en siècle jusqu’à l’éternité. Le poète chante ; et chanter, c’est animer la parole du souffle puissant de l’enthousiasme et de l’harmonie ; c’est soulever le langage à la hauteur des espérances immortelles et des amours extatiques. Trop simple pour être accepté, trop confiant en la Providence pour se plaindre du présent ou s’inquiéter de l’avenir, le poète vit comme les oiseaux du ciel qui chantent et s’endorment, balancés sur la branche aérienne. Souvent, il n’a pour toute nourriture qu’un morceau de pain et pour seule boisson un peu d’eau de la source ; mais le pain et l’eau lui suffisent ; il n’envie ni la table des riches ni le banquet des grands : Il a la liberté ; et la liberté, c’est le plus grand trésor après l’amour de Dieu. La terre