Ce feu du repentir presque égal à l’amour !…
L’inviolable aveu, je le fis dès ce jour ; —
Et je ressuscitai ! — C’est alors qu’entraînée,
Ou plutôt, par instinct suivant ma destinée,
J’entrai dans une église ; et que là j’entendis
Une voix qui chantait le Ciel, le Paradis ;
Une voix qui, semblable au chœur sacré des Anges,
De Marie, en sa gloire, entonnait les louanges ;
Marie Immaculée et Reine de Sion,
Triomphant de la mon en son Assomption !
L’orgue, l’encens, les voix, dans la maison bénie,
Semblaient ne plus former qu’un fleuve d’harmonie ! —
Et j’écoutais chanter les splendeurs de Sion ;
A chaque mot, mon cœur vibrait à l’unisson ;
Je conçus le désir d’être héroïque et chaste ;
Je me sentis plus forte et plus enthousiaste !
Dans ces premiers élans de générosité,
Je fis, devant l’autel, le vœu de chasteté ;
Je le fis librement, par Dieu même inspirée ;
Je le fis avec joie, en ma ferveur sacrée —
Après cinq ans, je vins, et j’entendis encor
La même voix chanter dans un pieux transport :
La terre est triste, elle a perdu sa Mère ;
Mais dans le ciel chantent les chérubins !
Vierge, en quittant les vallons de la terre,
Oh ! souviens-toi de tes fils orphelins !
Je vois briller les célestes phalanges,
J’entends chanter des cantiques divins :
Mère, exaltée au-dessus des Archanges,
Oh ! souviens-toi de tes fils pèlerins !
Tout radieux, pour recevoir Marie,
S’élève un trône aux palais étoilés :
Reine immortelle, en paix dans la Patrie,
Oh ! souviens-toi de tes fils exilés !…
Mais écoutez, mon Père : une douleur nouvelle
Accable encor mon âme ; oui, je pleure infidèle ;
Je pleure amèrement tout le bonheur perdu !
Comme Eve, j’ai cueilli le beau fruit défendu ;
Je l’ai goûté comme elle, — et j’ai souffert plus qu’elle !
Je pleure amèrement, car je suis infidèle !
Réparez votre faute, imitez Augustin,
Faites ce qu’il a fait, soyez un séraphin !