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et tu te convaincras aisément que je ne veux pas te tromper. »

Pierrot consent enfin, mais avec beaucoup d’hésitation ; il avait toujours peur.

Les garçons de Pierrot, guidés par Jean, partent donc en reconnaissance et s’assurent par eux-mêmes que les féniens si redoutés ne sont autre chose que les deux chevaux mentionnés par leur voisin. Ayant fait rapport de leur mission à leur père, celui-ci, bannissant toute crainte de son esprit, s’adressa à ses garçons en ces termes :

« Mes gars, nous avons fait preuve d’une grande lâcheté, retournons à la maison. Les feignants sont moins dangereux que les chevaux de notre voisin. Si jamais la patrie a besoin du secours de votre bras, je serai le premier à vous commander de voler à sa défense. Je vous dirai : Allez vous ranger parmi nos braves soldats volontaires. »

Il dit, et la charrette fit volte-face et fut conduite au point de départ ; et le déchargement s’opéra bien plus vite que le chargement.

Heureusement que toutes les familles canadiennes ne suivent pas cet exemple et ne se laissent pas emporter par la crainte ; car, autrement, le peuple canadien ne serait plus un peuple de braves comme il en a donné si souvent la preuve. La bravoure est un des caractères distinctifs de notre nationalité.

Du reste, dans les campagnes, on ne craint plus la guerre ; on s’est habitué petit à petit à entendre