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moindre émotion et demandaient aux personnes présentes de les suivre.

« Allons, disaient-ils, près de la maison hantée pour constater si on entend du bruit, comme on le prétend. Après tout, nous ne sommes pas des femmelettes. »

Cette courte exhortation produit son effet, et le courage fait place à la peur. Les spectateurs se décident donc à suivre les chefs de la bande et se transportent à l’habitation du revenant, — c’est ainsi qu’on la nommait dans l’endroit. La lumière brillait toujours d’un vif éclat, mais le silence le plus profond régnait dans tous les appartements.

Quatre hommes robustes, qui n’avaient jamais eu peur, prennent la résolution de pénétrer dans l’intérieur pour voir de leurs yeux si le porte-flambeau était de chair et d’os comme le reste des faibles mortels.

Mais, au moment où ils s’apprêtaient à monter sur la galerie qui entoure le bâtiment, il se produit au grenier un vacarme épouvantable. Tantôt c’est un bruit semblable au roulement du tonnerre, tantôt c’est un homme qui marche en traînant de lourdes chaînes. Je vous le dis en vérité, mes quatre curieux retraitèrent sans tambour ni trompette et se mêlèrent à la foule, en tremblant de tous leurs membres comme des enfants qui craignent d’être battus. Je ne pus m’empêcher de rire, malgré les scènes émouvantes qui se passaient devant mes regards, et pour cause ; mon cousin éduqué, et qui s’était vanté auparavant