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en cabriolet aux ailes jaunes, dans la paroisse indiquée. Il me dit en arrivant près de la maison hantée que le merveilleux ne commençait généralement qu’à 9 heures, lorsque d’épaisses ténèbres couvrent la terre. En attendant, nous entrons chez le voisin, une de nos connaissances, où se trouvait déjà une foule nombreuse que la grande nouvelle avait réunie.

Après avoir causé quelques instants, 9 heures sonnent à la pendule. Au même moment, tous les yeux se dirigent vers la maison qui était devenue le sujet général de toutes les conversations. Cet édifice était alors inhabité. Nous ne voyons rien d’alarmant ; mais tout à coup nous apercevons une petite lumière blafarde. Cette lumière augmente bientôt d’intensité et s’agite en tous sens. C’était à une fenêtre des mansardes qu’elle apparaissait.

La foule tremble d’effroi. Les cheveux se dressent sur la tête. La respiration se fait difficilement. Une pâleur livide se répand sur tous les visages. On entend de profonds soupirs et des exclamations prolongées. Personne n’ose parler, personne n’ose bouger. On dirait que la foule est paralysée, ou qu’elle est changée en statue de sel, comme la femme de Loth.

Cependant, je m’empresse de faire exception. Quelques jeunes gens, qui avaient passé plusieurs hivers dans les chantiers de la Gatineau, regardaient la petite lumière sans éprouver nulle crainte ou la