Page:Rouleau - Légendes canadiennes tome I, 1930.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.

jetez-le au feu ; vous n’avez plus besoin de votre quenouille pour vivre.

La mère. — Monsieur le notaire, je me soucie pas mal de l’argent, pourvu que je serve le bon Dieu comme il le faut, et que mes enfants se conduisent suivant les sages préceptes du petit catéchisme.

Le notaire. — Tout cela, c’est de la morale, la mère. Pour les vieux, passe ; mais pour les jeunes gens, il faut jouir, et pour jouir il faut de l’argent.

La mère. — C’est votre doctrine à vous autres, hommes instruits. Moi, je suis l’Évangile qui dit : « Bienheureux les pauvres, le royaume des cieux leur appartient. »

Le notaire. — Dites donc les pauvres d’esprit, la mère.

La mère. — Comme vous voudrez, vous êtes éduqué, vous. Mais l’Évangile dit encore : « Il est plus difficile à un riche de se sauver que de faire passer un chameau par le trou d’une aiguille. » Et pourtant, j’ai vu sur des images que le chameau est une grosse bête.

Pierriche. — Chut ! chut ! voilà quelqu’un qui entre. »

Louison, frère de Pierriche, fait son entrée triomphale en poussant l’exclamation suivante, précédée d’un ouf des mieux conditionnés ;

« Ah ! vous voilà donc enfin, depuis si longtemps que je vous cherche ! »

Les trois amis s’embrassent, se pressent les uns