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lement de philosophie, ressemblent presque toujours à ces enfants qui jouent à se proposer entre eux des énigmes, et qui s’empressent de mettre hors du jeu celui qui sait le mot d’avance, de peur que celui-là ne les empêche de jouer, en ôtant tout son intérêt à l’embarras de leurs questions.

XLII

Pour bien jouir des avantages de la société il faut apprendre à vivre seul, et pour n’avoir jamais à se plaindre trop amèrement des hommes, il faut savoir se passer d’eux.

Il faut mettre sa joie dans ce qu’on donne et non dans ce qu’on reçoit des autres. Disposé à donner tout, il faut tout accepter, mais il ne faut jamais rien exiger ni attendre.

XLIII

Une chaîne de fer est plus facile à briser qu’une chaîne de fleurs.

XLIV

Conserver sa raison au milieu des fous, sa foi au milieu des superstitions, sa dignité au milieu des caractères amoindris, et son indépendance au milieu des moutons de Panurge, c’est, de tous, le miracle le plus rare, le plus beau et aussi le plus difficile à accomplir.

XLV

Pour être en paix avec tout le monde, il faut cacher sa vie et réserver ses pensées, n’avoir pas trop d’esprit devant les sots, ni trop de raison devant les hommes passionnés ; il faut de plus s’armer d’une patience à toute épreuve.