Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/357

Cette page n’a pas encore été corrigée

Par ordre, sur un char, s’élèvent en monceaux.
Au plus haut de ce char, sur ces monceaux de gerbes,
Qui lui forment un lit de leurs touffes superbes,
Monte et s’assied Almon, le chef des moissonneurs.
À ce comble envié des champêtres honneurs,
Les respects de la foule ont porté sa vieillesse.
La gaîté sur son front s’unit à la noblesse ;
Et sa tête à longs flots verse de blancs cheveux,
Qui mollement épars battent son cou nerveux :
Roi des champs, sa couronne est un léger feuillage.
Au son du chalumeau, les belles du village
Viennent au char rustique atteler, en dansant,
De taureaux asservis un couple mugissant :
D’un pas tranquille, égal, vers la ferme ils s’avancent,
Et tous les moissonneurs par grouppes les devancent,
Ils marchent en triomphe. Ainsi Rome autrefois,
Sur un char tout couvert des dépouilles des rois,
Accueilloit le héros, de qui l’heureuse audace
Revenoit triomphante et du Parthe et du Dace.

La foule entre au hameau : le possesseur des champs