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Leur part de ce trésor que l’été fait mûrir ;
Contemple-les, barbare : et leur troupe fidèle
De la douce pitié va t’offrir le modèle.
Quelquefois l’un d’entr’eux vaincu du poids des grains,
Qu’il traîne en haletant aux greniers souterrains,
Tombe, et tout épuisé de force et de constance,
De ces concitoyens réclame l’assistance.
Celui, qui le premier voit cet infortuné
Dans le sillon poudreux sans force abandonné,
Lui va porter soudain l’appui qu’il sollicite,
Le ranime, et bientôt l’un et l’autre s’excite
À marcher, à traîner par un commun effort
Cet immense fardeau, pour chacun d’eux trop fort.
C’est par de tels bienfaits versés sur l’indigence,
Que méritant des dieux la facile indulgence,
Le riche en obtiendra la douce paix du coeur.
Dans les champs dont son or l’a rendu possesseur,
Tranquille, il goûtera l’allégresse unanime,
Que la fin des moissons au village ranime.
Du froment enchaîné déjà tous les faisceaux,