Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/350

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le corps tout chancelant sous l’effroi qui l’oppresse,
Pour regagner la rive elle marche ; l’éclair
La couvre de ses feux trois fois croisés dans l’air :
La foudre suit de près, roule, gronde, et fumante
En éclats sulphureux tombe aux piés de l’amante.
Rose pousse un long cri : glacé par la terreur,
Son corps roule, emporté par la vague en fureur.
Lozon entend ce cri, s’élance sur la rive,
Couvert d’un simple lin il accourt, il arrive
Au bassin, qui de Rose enfermoit les appas :
Ciel ! Aux yeux de Lozon Rose ne s’offre pas.
Ô tonnerre, dit-il, tu l’as donc dévorée !
Et les bras abbattus, et la vue égarée,
Sur le bord à ces mots sans force, sans couleur,
Lozon reste immobile et muet de douleur ;
Il n’a plus qu’à mourir. Mais d’écume investie,
Rose, au-dessus des eaux qui l’avoient engloutie,
Remonte, oppose au fleuve et ses piés et ses mains,
S’épuise, et de nouveau cède aux flots inhumains.
Lozon à son secours vole au travers de l’onde ;
Il brave, audacieux, et la foudre qui gronde