Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/349

Cette page n’a pas encore été corrigée

noircit, et prépare un orage,
Que voile aux deux amans le bois qui les ombrage.
Le vent se taît : il dort dans un calme trompeur.
Il laisse lentement se former la vapeur,
Que l’ardent souverain des plaines lumineuses
Enlève, en la pompant, aux couches caverneuses,
Où sommeille le soufre, où reposent en paix
Et le nitre subtil, et le bitume épais.
À l’aspect du péril, la colombe fidèle
Dans le creux des rochers fuit avec l’hirondelle ;
La corneille, en criant, plane sur leur hauteur ;
Le fier taureau frissonne, et le cultivateur,
Tremblant pour les épis où son espoir se fonde,
Cherche l’abri voûté d’une grotte profonde.
Mais des froids aquilons et des brûlans autans,
S’élancent tout-à-coup les escadrons flottans ;
De leurs fougueux combats les airs au loin mugissent ;
Les fleuves dans leur lit écument et rugissent,
Et la forêt en pousse un long bruïssement.
À ce fracas soudain ! Dieux ! Quel saisissement
Fait pâlir de Lozon l’innocente maîtresse !