Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/346

Cette page n’a pas encore été corrigée

La nymphe, dont l’été décolore les traits,
Légèrement s’avance, et d’un bain solitaire
Promet à ses appas la fraicheur salutaire.
Pour elle quel plaisir, quand les flots argentés
D’une humide ceinture embrassent ses beautés !
Quand seule, et se croyant loin de tout oeil profane,
Elle folâtre en paix dans l’onde diaphane !
Un jour ; il m’en souvient, un jour qu’à l’orient
L’aurore dévoiloit son visage riant,
Sous la voûte d’un bois que la Dordogne arrose,
Je vis, caché dans l’ombre, entrer la jeune rose.
Sur son front reluisoit ce coloris vermeil,
Dont brille la jeunesse après un doux sommeil :
Aimable sans apprêts, belle sans imposture,
Rose sembloit sortir des mains de la nature.
La bouche et l’oeil ouverts, sur sa trace, Lozon
D’un pié silencieux effleuroit le gazon ;
Le bruit le plus léger l’agite, le tourmente :
Il craint à chaque pas que l’oeil de son amante,
Derrière elle appellé par les zéphyrs jaloux,