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encor, les rois de l’harmonie
Assis ou vagabonds retrouvent le génie.
Là, s’égaroit Orphée, en modulant ces airs,
Par qui fut attendri le rocher des déserts ;
Là, d’Achille et d’Hector le chantre vénérable,
Ainsi que leurs exploits, rendit son nom durable ;
Là, prenant tour-à-tour la lyre et les pipeaux,
Virgile célébroit les rois et les troupeaux.
Aimables enchanteurs, nos guides et nos maîtres,
Jadis je ne pouvois, comme vous, sous des hêtres,
Tromper la canicule et défier ses traits.
Malgré moi-même, hélas ! Exilé des forêts,
Malgré moi, je vivois enchaîné dans les villes :
J’y voyois le démon des discordes civiles,
Dans le palais des rois, triompher impuni,
Et toujours aux vertus le malheur réuni.
Souvent je m’écriois ? "ô ciel ! Quand la fortune
Voudra-t-elle adoucir sa rigueur importune ?
Ah ! Si je puis trouver un terme à ses refus,
Vous me verrez alors sous vos dômes touffus,
Verdoyantes forêts ! Et vous, claires fontaines,