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La campagne brûlante et poudreuse et déserte
Offre de toutes parts sa surface entr’ouverte.
L’homme le plus robuste a perdu sa vigueur ;
Le génie épuisé s’endort dans la langueur,
Et les enfans du Pinde, à chanter inhabiles,
Sentent leur lyre d’or fuir de leurs mains débiles.
Mais que dis-je ! Ah ! Je puis, aux traits brûlans du jour,
Opposer des forêts le paisible séjour,
Jardins majestueux qu’a plantés la nature,
Et dont l’antique honneur rajeunit sans culture,
Ô forêts ! Ouvrez-moi vos sentiers tournoyans ;
Courbez-vous sur ma tête en dômes verdoyans :
Plongé sous votre ombrage aux sources du délire,
Je vais encor, je vais faire entendre ma lyre.
Ciel ! Sous leurs pavillons j’entre à peine ; et dans moi
Leur ténébreux lointain imprime un saint effroi :
Dans ce désert muet lentement je m’avance,
Et je crois habiter le palais du silence.
Qu’aisément aujourd’hui je pardonne à l’erreur,
Qui frappant nos ayeux d’une secrette horreur,