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Le triste chèvre-feuille expire desséché ;
Le pavot à ses piés voit tomber sa couronne ;
Le panache azuré dont l’iris s’environne,
Effeuillé par les vents, flotte dans les bosquets,
Le lilas tout honteux, cherche envain ses bouquets ;
De l’amoureux pastour la parure est flétrie ;
Le gazon pâlissant languit dans la prairie ;
Et jusqu’au fond des bois les chênes, les ormeaux
D’un feuillage moins verd ont bruni leurs rameaux.
Sous les feux que vomit l’ardente canicule,
Le fleuve resserré plus lentement circule.
Ô surprise ! à l’aspect d’un si foible ruisseau,
Le voyageur s’arrête, et le croit au berceau.
Son oeil demande envain aux canaux solitaires
Ces mouvantes forêts, ces barques tributaires,
Qui, voguant aux cités, leur portoient tour-à-tour
Et les trésors d’Olinde et les fruits d’alentour.
Ces magasins flottans des régions fertiles
Sur l’arène des ports languissent inutiles ;
Et près d’eux, le nocher, à regret spectateur,
De l’onde paresseuse accuse la lenteur.