Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/289

Cette page n’a pas encore été corrigée

Cachent dans les tombeaux, cachent sous les autels
Leurs fils, qui s’attachoient à leurs bras maternels :
"Quoi ! Vous pouvez combattre, et vous versez des larmes !
Laissez à vos maris la peur et les allarmes,
Marchons ; et les forçant à rougir devant nous,
Soyez hommes pour eux, s’ils sont femmes pour vous. "
Lorsque dans les forêts une meute aboyante,
De la trompe et du cor entend la voix bruyante,
Rapide elle s’élance, et s’élevant par bonds,
Du cerf épouvanté suit les pas vagabonds ;
Tel d’audace brûlant vole un sexe timide :
Il marche aux ennemis en colonne intrépide,
Et la pique à la main, Hachette le conduit.
Du nouveau bataillon le spectacle et le bruit
Ébranlent l’assaillant : il recule, il s’étonne.
Planté sur un creneau, d’où le salpêtre tonne,
Dans la soie et l’azur de ses replis mouvans,
L’étendard de Bourgogne emprisonnoit les vents ;
Charles, déjà vainqueur, le couvroit de sa lance :
Hachette voit l’enseigne ; elle vole, s’élance,
Du prince cuirassé brave et trompe le dard :