Page:Roucher - Les mois, poëme en douze chants, Tome I, 1779.djvu/288

Cette page n’a pas encore été corrigée


Oui, j’en atteste ici tout l’empire français ;
Beauvais, Beauvais sur-tout sauvé par vos succès.
Muse, qui des héros éternises l’histoire,
Viens, et monte ma voix au ton de la victoire.
Louis regnoit. Vassal infidèle à son roi,
Charles, dont le nom seul réveille encor l’effroi,
De Beauvais investi foudroyoit les murailles.
À ses fiers bourguignons nourris dans les batailles,
Vers les ramparts fumans, déjà l’échelle en main,
Sur les morts entassés Charles ouvroit un chemin.
Le peuple et le soldat, tout fuyoit. Une femme
S’élance ; et d’une voix que la colère enflamme :
« N’avez vous plus de roi ? N’avez vous plus d’enfans,
Lâches ? Eh bien ! Fuyez : seule, je les défends. »
Hachette, c’est le nom de la jeune héroïne,
Dit et marche. à sa voix une chaleur divine
Ranime tous les coeurs ; mais trois fois ramenés,
Trois fois les citoyens reculent consternés.
Et dans le même instant, aux yeux de la guerrière,
Des femmes, qui d’un temple ont franchi la barrière,