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Savons-nous comme lui, sans haîne, sans discords,
De l’ordre social respecter les accords ?
Le seul helvétien lui ressemble peut-être.
Dans ses Alpes caché, libre et digne de l’être,
Ignorant notre luxe et nos folles erreurs,
Du sol qui le nourrit il aime les horreurs.
Helvétiques tribus, sur vos roches fameuses,
D’où tombent cent torrens en ondes écumeuses,
Heureux, qui maintenant, comme vous, à longs traits,
Goûte l’air frais et pur de vos vieilles forêts !
Ah ! Tandis que sur nous le cancer règne encore,
Que sous un ciel d’airain le soleil nous dévore ;
Tandis que haletant, l’homme, ainsi que les fleurs,
Baisse un front accablé sous le faix des chaleurs,
Monts, chantés par Haller, recevez un poëte !
Errant parmi ces rocs, imposante retraite,
Au front du Grindelval je m’élève, et je voi,
Dieux ! Quel pompeux spectacle étalé devant moi !
Sous mes yeux enchantés, la nature rassemble
Tout ce qu’elle a d’horreurs et de beautés ensemble,