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Que vous alliez chercher loin des hameaux du Tage !
Ah ! Pour de faux trésors, cachés sous d’autres cieux,
Falloit il déserter le toît de vos aïeux,
Cette heureuse cabanne, où vous prites naissance,
Et ces vallons rians, où la paix, l’innocence
Filent pour le berger un tissu d’heureux jours,
Où les seuls vrais plaisirs l’accompagnent toujours ?
À peine sur le front de son humble chaumière,
Il voit briller du jour la naissante lumière,
Qu’aux sons réjouissans d’un rustique pipeau,
Sur les monts escarpés il conduit son troupeau.
La chèvre et la brebis, à ses côtés errantes,
Y paissent l’herbe tendre et les fleurs odorantes ;
Et lorsque suspendue aux rameaux des buissons,
La cigale emplit l’air de ses aigres chansons,
Quand tout brûle des feux que le midi nous lance,
Rêvant à ses amours, le pasteur en silence
Des bocages voisins cherche l’asyle épais,
Et caché sous leur ombre, y respire la paix.
Il attend que du soir la douce et pure haleine
Ait rafraichi les airs et parfumé la plaine.