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Almandès, juste ciel ! Almandès sent à peine
Les cercles redoublés dont le dragon l’enchaîne,
Que d’affreux hurlemens sa voix remplit les airs,
Et fait au loin mugir l’écho de ces déserts.
Le père, quel objet pour les regards d’un père !
S’éveille, et dans les noeuds d’une immense vipère
Voit le corps de son fils de mille coups ouvert,
Tout dégouttant d’écume, et de sang tout couvert.
D’un glaive étincelant il arme sa tendresse ;
Et tandis que le fer sur le monstre se dresse,
Le monstre, plus agile et plus impétueux,
Dénouant de son corps le rézeau tortueux,
Abandonne le fils, vole au père, et l’enferme
Dans les nombreux anneaux d’une chaîne plus ferme.
Envain du malheureux les bras emprisonnés
S’efforcent de briser leurs noeuds empoisonnés ;
Le monstre, redoublant sa rage et ses morsures,
Le trempe de venin, le couvre de blessures,
Le déchire, l’étouffe, et de sang énivré,
Le renverse mourant sur le fils expiré.

Malheureux ! Voilà donc le riche et beau partage,