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En obliques rayons donnoient un triste jour,
Le roi du feu s’élève, agrandit sa carrière,
Et du couchant à peine a touché la barrière,
Que r’ouvrant au cancer la brûlante saison,
Visible, il se promène autour de l’horizon.
L’été n’est plus qu’un jour. Loin du bruit des orages,
Le ciel laisse dormir l’océan sans naufrages ;
La terre se réveille, et prodigue en deux mois
Les fleurs, les grains, les fruits, tous les dons à la fois.
Tel que le nautonnier, qu’une trop longue absence
Ravît à des enfans plongés dans l’indigence,
À des enfans que l’onde entendoit chaque jour,
De leur père, aux zéphyrs demander le retour ;
Dès qu’à leurs yeux en pleurs brille son doux visage,
Il leur rend l’allégresse, il étale au rivage
Les biens, dont la fortune a payé ses travaux ;
Et tous, dans l’abondance, ont oublié leurs maux :
Ainsi quand le soleil y reprend son empire,
Dans les champs de l’hécla tout renaît, tout respire.

L’été voit cependant un climat plus heureux,