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à longs plis son onde tortueuse.
Fleuve antique, ornement de ces prés toujours verds,
Où robustes vainqueurs des vents et des hyvers,
Trois ormeaux, abreuvés de ton onde éternelle,
M’ont prêté quelquefois leur ombre fraternelle,
Je vais près de tes eaux, spectateur en desir,
D’une scène champêtre égayer mon loisir !
Quel grand peuple, assemblé dans cette vaste plaine,
Y brave du midi la dévorante haleine ?
Sous le rapide fil d’une tranchante faulx,
Qui va, revient sans cesse et frappe à coups égaux,
Il fait tomber sans choix sur le sein de Cybèle
Et l’herbe la plus vile et la fleur la plus belle.
Ainsi tombent, ô mort ! Sous ton fer meurtrier,
Le héros magnanime et le lâche guerrier,
Le mortel bienfaisant et l’ingrat qui l’outrage.
Un soin plus doux succède à ce pénible ouvrage,
Mille essaims de faneurs s’agitent dispersés.
L’un étale au soleil les gazons renversés ;
L’autre armé d’un bâton roule sur la prairie