Page:Rostand - Un soir à Hernani, 1902.djvu/21

Cette page a été validée par deux contributeurs.

C’est lui-même, et la nuit tu dois, ô Doña Sol,
Lorsque de ton balcon il tombe sur le sol,
— Sans bruit parce qu’il a ses bonnes alpargates ! —
Dire pour ce bandit ton chapelet d’agates.
Oh ! cet homme farouche, et qui possède l’art
D’enfoncer son chapeau par-dessus le foulard
Qui traverse son front d’un bandage vert-pomme,
Va crier : « Je suis Jean d’Aragon ! » et cet homme
Va trouver trop petits pour lui des échafauds…
Non ! cet homme se baisse et ramasse une faux,
Et jette cette faux sur son épaule, et rentre
Chez lui, d’un pas qui fait de sa chaumière un antre !
— Et je vois s’avancer un être singulier
Qui balance un bâton de bois de néflier.
Et c’est le celador du village, le garde
De l’alcade. Et surpris, soudain, je le regarde.
Je n’en crois pas mes yeux !


Je n’en crois pas mes yeux ! « Pourquoi donc, celador,
Sur votre béret noir ces deux lettres en or ?
Que veut dire : V. H. ? »


Que veut dire : V. H. ? » Il répond avec pompe :
« Villa dé Hernani. »


« Villa dé Hernani. » Cet Espagnol se trompe.