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rement bestial et féroce comme chez les Assyriens. Il put être parfois terrible — le roman de Setna le démontre — mais sans altérer le tréfonds de la douceur égyptienne. Cette douceur était remarquable. Elle frappa beaucoup les philosophes grecs : elle rendit sans doute le système des castes moins farouche. Elle comporta le sentiment d’une morale élevée, comme le constate si bien le beau Livre des Morts[1]. Cette morale cependant

  1. Entre cent autres choses on y trouve dans la plaidoirie de l’Âme au Tribunal Suprême :

    « Je n’ai fait perfidement de mal à aucun homme. — Je n’ai pas, comme chef, fait travailler au-delà de la tâche. — Je n’ai point fait maltraiter l’esclave. — Je n’ai point fait pleurer. Je n’ai point fait avoir faim. — Je n’ai point éloigné le lait de la bouche du nourrisson, etc., etc. »