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LES NAVIGATEURS DE L’INFINI


Dès que nous fûmes près du lac, nous nous assurâmes que la couleur brune était la couleur normale du liquide. Une émotion profonde et délicieuse nous étreignait. Ce monde n’était plus (et combien mélancoliquement !) incompatible avec le nôtre. Les formes flexibles qui ondulaient sur le rivage et dans la plaine, semblaient d’incontestables homologues de nos végétaux. Pendant quelques minutes, nous vécûmes dans une sorte d’extase, tellement que les yeux de Jean étaient pleins de larmes.

Si aucune plante ne répétait nettement une forme terrestre, toutes étaient à la ressemblance qui de nos herbes, qui de nos fougères, qui de nos arbustes, de nos arbres, de nos champignons, de nos mousses, voire de nos lichens et de nos algues. Mais les pseudo-mousses attei-