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parmi les roseaux d’automne. Georges déclama avec un petit tremblement :

Comme l’eau caressait doucement le rivage,
Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts,
La belle fille heureuse, effarée et sauvage,
Ses cheveux dans ses yeux et riant au travers…

Ces vers, en rappelant l’acrostiche, émurent la jeune femme. Une voix intérieure murmurait :

Mettez-vous là, que je me mire
À la clarté de vos beaux yeux,

Ce qui lui paraissait bien aussi joli, et plus intime, que « la belle fille heureuse, effarée et sauvage ». « Est-ce qu’il m’aimait déjà quand il les a écrits ? » se disait Marie. « Il était pâle… il ne savait peut-être pas… il ne voulait pas… »