Page:Rosny aîné - Le Cœur tendre et cruel, 1924.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle renversa un peu la tête, ses yeux recommencèrent à croître ; elle chanta :

Rossignolet du bois sauvage
Prends ta volée.
Va dire à la belle du village,
Ma bien-aimée !

La voix était faible, mais presque parfaite. Elle rappelait ces carillons de villages hollandais qui réveillent l’assoupissement des digues et qui semblent la chanson des sapins. L’amour monta, venu du fond des créatures et des météores. Le jeune Georges se sentit un petit esclave ardent et soumis. Marie évoquait les phrases qui sautillent à travers la comédie et l’opérette ; elle n’en percevait pas l’usure ; elles étaient charmantes comme au temps lointain de leur nouveauté. Pour Marie, presque vierge de littérature, rien n’a vieilli. Une fraîcheur