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Ce fut le dernier jeudi. Il s’achemina vers la rue Gay-Lussac, chargé de toutes les détresses et de toutes les espérances. D’accord avec Rose, il devançait l’heure. S’il pouvait la trouver seule, si le destin lui abandonnait pendant dix minutes seulement la tresse étincelante et la bouche rouge, comme le jour où le carillon chanta son inexprimable victoire ? Dix minutes, forces cruelles, dix minutes, fatalité cachée sous les contingences !… Levant la tête vers les nuages, il priait, il suppliait, il créait le Dieu que créèrent les ancêtres innombrables :

— Exaucez-moi ! Exaucez-moi ! gémissait sa poitrine haletante. Miserere… Dieu des nébuleuses… Exaucez celui qui va vers la mort !

L’absurdité de son cri ne l’arrêtait point. Il le comparait lui-même à l’imploration