Page:Rosny aîné - Le Cœur tendre et cruel, 1924.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tous deux craignaient un fantôme absurde et redoutable. Un moment, le sauvage l’emporta ; le baiser déplaça la fragile barrière.

La peur fut tout de même la plus forte. Le jeune homme se releva ; il prit la petite sur ses genoux et, la pressant contre lui, il murmurait à travers le déluge des caresses :

— Oh ! Rose… je t’aime comme si je t’avais aimé toute ma vie… je t’aime comme si tu étais toutes les femmes… je pourrais mourir mille fois sans oublier cette minute.

Elle écoutait, les yeux entreclos, folle de ce désir, accru à chaque rencontre de leurs bouches, qu’elle sentait inassouvi et dont elle ne concevait pas l’au-delà. Leurs membres étaient enlacés, leurs poitrines unies et Georges, fondu de passion, convulsé d’angoisse, ferma les yeux :