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océans et des fleuves sommeilla sur ses prunelles, le fluide des nues électriques arma sa gorge et son visage, le mystère terrible de la beauté trembla sur les plis de son corsage. L’audace amoureuse traversa comme un cyclone le cervelet de Noël, avec l’instinct presque d’un crime. Il se leva, fit une enjambée vers la jeune femme. Dans sa pose de repos favorite, attendait-elle, percevait-elle l’approche du péril, la grave aventure où tendait leur destinée ? Était-elle dans l’indécision, le oui ou le nom de l’enfant où se plaît la paresse féminine ? Allait-elle être stupéfaite, se raidir, se débattre, avec des yeux de mépris ou des terreurs glaciales, rendre pour jamais l’union impossible ? Simultanément ces questions se heurtèrent dans l’imagerie de la scène, les froissements d’étoffes, les étreintes, les pâleurs, les saccades, les soupirs et cassèrent net l’élan du jeune homme. En même temps il se répéta qu’il allait se jeter à la roue de fortune, qu’il voulait ou se perdre ou triompher.