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devenait formidable à Chicago. Jusqu’à ce jour, aucun « homicide carnivore » ne s’était produit en France…

Les habitants de la villa demeuraient indemnes. S’ils aspiraient à un repas de viande, il ne semblait pas que ce fût d’une manière insolite : ils souffraient simplement, et guère, à la façon des gens contraints de renoncer à une vieille habitude. En dehors des sensations solidaires, le plus souvent agréables, ils jouissaient d’une santé et d’une mentalité normales. Mais ils redoutaient l’approche d’événements terrifiques.

Sabine avait servi le café. Langre et Meyral, un peu fébriles, le buvaient en silence. Soudain, une rumeur se fit entendre vers le haut du village :

— Le facteur !

La rumeur se rapprocha : on distinguait des cris d’enfants, des abois de chiens, parfois le bêlement d’une chèvre, des croassements de corbeaux : le facteur habitait une