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— Je vais jusqu’à l’Yonne, dit alors Georges, qui avait son idée.

Depuis trois semaines, il n’avait plus fait seul une promenade de quelque étendue.

Au sortir des jardins, il sentit ce besoin de retourner à la maison qu’il connaissait par expérience. Il n’y céda point : il descendit la rue qui menait vers la rivière. À mesure, un malaise s’emparait de tout son être.

C’était comme si des fils élastiques le tiraient en arrière. Plus il avançait, plus cette traction devenait forte. En même temps, il avait la sensation de la présence et des actes de ceux qu’il venait de quitter. Il assistait, avec quelque imprécision, aux déplacements de Langre, de Sabine, des enfants, des domestiques, même des animaux. Arrivé près de l’Yonne, il s’arrêta, pour mieux analyser l’état de ses nerfs.

L’arrêt rendait la traction moins pénible : elle s’exerçait sur toute la peau, sur les muscles, et aussi dans le crâne et la poitrine. Seulement, tandis que la partie du corps