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Ses pensées commençaient à se détendre et à se ralentir. L’engourdissement ressaisissait à la fois ses membres et son intelligence. Il n’était plus qu’une pauvre petite chose grelottante et douloureuse. Il ployait sous les forces énormes comme l’insecte au froid des automnes.

Bientôt les pensées cessèrent de se coordonner ; les images mêmes devinrent rares ; l’instinct domina. Il regagna péniblement sa couchette et s’ensevelit dans ses couvertures.


L’aube était venue, puis le jour, un jour qui ressemblait aux nuits du pôle, quand l’aurore boréale monte à travers la nuée. Dans le grand laboratoire, rien ne bougeait. Ce fut encore Meyral qui se réveilla. Il demeura d’abord dans les limbes des rêves, les yeux entre-clos et la pensée captivée. Puis, la réalité le saisit à la gorge, l’épouvante grandit comme une horde de fauves. Et se levant à demi, il regarda longuement les formes vagues et immobiles de ses amis :