Page:Rosny - La force mystérieuse, 1914.djvu/112

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

humanité qu’il croyait mépriser et haïr, lui devenait étrangement chère. Quoique l’attente de sa mort et de la mort des siens suffît à remplir son âme, il éprouvait une horreur sacrée, une douleur fraternelle, qui dépassaient de loin son propre drame.

Cette horreur était plus profonde en Meyral. Il épiait la multitude avec une compassion tendre. Dans les réserves de son moi, s’élevait un sentiment religieux, car il était de ceux pour qui l’avenir de l’humanité est une passion et une promesse. En tout temps, l’énergie et la persistance de l’espèce avaient exalté sa propre énergie et le sentiment de sa persistance.


Tandis qu’ils passaient devant Cluny, Sabine eut un sursaut et se rapprocha des enfants. Quelques secondes plus tard, Meyral tressaillit à son tour ; il venait d’apercevoir Vérannes.

— Et qu’importe ! se disait-il. Ce n’est plus qu’un malheureux.

Dans la lumière orange, Vérannes avait