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PIERRE DE RONSARD VANDOMOIS
AU LECTEUR


Ainsi qu’on voit ondoyer à l’escart
Du pié d’un Roc une vive fontaine
Qui va baignant les herbes de la plaine
Que ses beaux flotz fendent de part en part :

A lCe livre ainsi, lequel a plus d’esgard
A la vertu qu’à la mensonge vaine,
Baigne la France, et d’une riche veine
Ses claires eaux purement nous depart.

A lCe livre icy combat les heresies,
Les vanitez, erreurs et frenesies
Qui sainte Eglise ont agité bien fort :

A lMais plus elle est de sectes agitée,
Plus se soutient, comme une roche au bord
Moins cede aux vens, plus elle est tourmentée.

(1562).


SONET
A Monseigneur le Prince de Condé


Qui a point veu, aux tristes jours d’hyver,
Froids et obscurs, la terre morne et sombre
Pleine de nuit et d’une mauvaise ombre
Où le Soleil ne se daigne lever ?

De Celuy a peu la tristesse esprouver
De cette court toute pleine d’encombre,
Où les soucys aux cœurs volloient sans nombre
Devant qu’on vist voz vertus arriver.

De Mais tout ainsi que le Printemps efface
Du froid Hyver les neiges et la glace,
Vous illustrés cette court de vos rays,