Page:Ronsard - Le Bocage, 1554.djvu/59

Cette page n’a pas encore été corrigée

En Ianuier perdent leurs couleurs,
Et quand le mois d’Auril arriue
Qu’ils reueſtent leur beauté viue.
Mais quand des filles le beau taint
Par l’age est une fois eſtaint,
Di lui que plus il ne retourne,
Mais bien qu’en ſa place ſeiourne
Au haut du front ie ne sçai quoi
De creus, a coucher tout le doi
Et toute la face ſeichée
Deuient comme une fleur touchée
Du ſoc aïgu : di lui encor
Qu’apres qu’elle aura changé l’or
De ſes blons cheueux, & que l’age
Lui aura crespé le viſage
Qu’en vain lors elle pleurera
De quoi jeunette elle n’aura
Prins les plaiſirs qu’on ne peut prendre
Quand la vieilleſſe nous vient rendre
Si froids d’amours & ſi perclus,
Que les plaiſirs ne plaiſent plus.

Mais Roßignol, que ne vient elle
Maintenant ſur l’herbe nouuelle
Auecque moi dans ce buiſſon,
Au bruit de ta douce chanſon
Ie lui ferois ſous la coudrette,
Sa couleur blanche, vermeillette