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Et le donteur des Indes i abonde
Mille trouppeaus frisés de fines laines,
Comme eſquadrons ſe campent en nos pleines.
Maint arbriſſeau qui porte ſus ſes branches
D’un or naif pommes belles & franches,
I croist außi, d’une part verdiſſant,
De l’autre part ensemble iauniſſant,
Le beau Grenad à la ioüe vermeille,
Et le Cytron, delices de Marſeille,
Fleuriſt es champs de la Prouuence, à gré.
Et l'Oliuier à Minerue ſacré,
Leur fait honneur de ſes fruits Autoniers :
Et iuſqu’au ciel s’i dreſſent les Palmiers
Le hault Sapin, qui par flots eſtrangers
Doit aller voir de la mer les dangers,
I croist außi : & le Buis qui vault mieus,
Pour i tailler les images des Dieus,
De ſes bons Dieus, qui ont touſiours ſouci
Et de la France, & de mes vers außi.
Aupres de Mun le Cheual belliqueur
Braue apparoist : qui d’une ardeur de cœur
Passe a noü Loire, ou folaſtre aus campaignes,
Ou d’un plain cours vole au hault des montaignes :
Heurte les flans de la terre qui ſonne,
Et au combat lui meſme ſe façonne,
Ia se vantant d’obeir a la bride
Aiant ſur lui Carnaualet pour guide.
Que dirons nous de la ſaiſon des tans,
Et des tiedeurs du volage printams ?
La cruauté des vents malicieus