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LE
PREMIER LIVRE DES AMOURS
DE P. DE RONSARD
CONSACRÉ À CASSANDRE[1]

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I.

Qui voudra voir comme amour me surmonte,
Comme il m’assaut, comme il se fait vainqueur,
Comme il renflamme et renglace mon cœur,
Comme il reçoit un honneur de ma honte :

Qui voudra voir une jeunesse prompte
À suivre en vain l’objet de son malheur,

  1. Cassandre. Ronsard s’étant énamouré d’une belle fille Blésienne, qui avait nom Cassandre, le vingt et unième jour d’avril, en un voyage qu’il fit à Blois, où estoit la cour, ayant lors atteint l’âge de vingt ans, résolut de la chanter, tant pour la beauté du suject que du nom, dont il fut épris aussitôt qu’il l’eût veuë, ainsi que par un instinct divinement inspiré : ce qu’il semble assez vouloir donner à cognoistre par cette devise qu’il print alors, ὡς ἴδον ὡς ἐμάνην. (Ut vidi, ut perii.)(Cl. Binet.)

    Il fut six ans amoureux de Cassandre, qu’il abandonna pour une jalousie qu’il conçut. Colletet laisse entendre que Melin de Saint-Gelais fut à son tour épris de la belle Cassandre. Ce sentiment ne fut pas, dit-il, étranger à l’inimitié des deux poëtes.

    Ce premier livre des Amours fut, si nous en croyons Colletet, composé par le grand poëte pour contenter son esprit ; et quant à ses autres vers amoureux, il les composa pour plaire aux dames et aux seigneurs de la cour.
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