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BELLEAU

Hé n’est ce mon Pasquier.) Il adresse ce Sonet à Pasquier, Avocat fameux à la Court de Parlement de Paris, fort docte et de gentil esprit, et du nombre de ceux qui meritent bien entreprendre la charge d’une belle histoire, comme y estant des mieux versez de nostre siecle, et l’un des plus curieux à rechercher les precieux tresors des antiquitez de nostre France. Or il se plaint à luy de la cruauté d’Amour, et de son estrange nature, disant qu’il s’estonne qu’Amour ne le frappe jamais qu’au cœur, encores qu’il ait muscles, faye, poulmons, nerfs, veines et arteres : et que s’il estoit aveuglé comme on le fait, il ne viseroit point si droit au cœur, mais auroit quelque autre but pour descocher ses traits. Toutefois il conclut, que cela luy est propre, et que naturellement il tire aux cœurs des hommes sans y viser. De faire dans mon cœur une eternelle playe.) Pris de Lucrece, Namque voluptatem prœsagit muta Cupido. Haec Venus est nobis, hinc autem est nomen amoris. Hinc Mata prius Veneris dulcedinis in cor Stillavit gutta, et successif frigida cura.


XII

Marie, qui voudroit vostre nom retourner,
Il trouverait aimer : aimez-moy donc Marie,
Vostre nom de nature à l’amour vous convie.
Pecher contre son nom, ne se doit pardonner.
S’il vous plaist vostre cœur pour gage me donner,
Je vous offre le mien : ainsi de ceste vie
Nous prendrons les plaisirs, et jamais autre envie
Ne me pourra l’esprit d’une autre emprisonner.