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402 II. LIVRE DES AMOURS C’est trop aimé, pauvre Ronsard, delaisse D’estre plus sot, et le tems despendu A pourchasser l’amour d’une maitresse, Comme perdu pense l’avoir perdu. Ne pense pas, si tu as pretendu En trop haut lieu une haute Déesse, Que pour ta peine un bien te soit rendu : Amour ne paist les siens que de tristesse. Je connois bien que ta Sinope t’aime, Mais beaucoup mieux elle s’aime soy-mesme, Qui seulement amy riche desire. Le bonnet rond, que tu prens maugré toy, Et des puisnez la rigoreuse loy, La font changer et (peut estre) à un pire. BELLEAU C’est trop aimé.) Ce Sonet est tiré de Catulle qui dit amsi, Miser Catulle desinas ineptire Et quod vides periisse, perditum ducas. Je ne sçaurois aimer autre que vous, Non, Dame, non, je ne sçaurois le faire : Autre que vous ne me sçauroit complaire, Et fust Venus descendue entre nous. Voz yeux me sont si gracieux et dous, Que d’un seul clin ilz me peuvent défaire, D’un autre clin tout soudain me refaire, Me faisant vivre ou mourir en deus coups. Quand je serois cinq cens mille ans en vie, Autre que vous ma mignonne m’amie,