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porter inimitié à sa maistresse, qu’il est contraint de l’aimer, et d’autant plus que la rigueur d’elle le veut éloigner d’autant sa bonne grace l’atire à soy le rendant esclave de son service. Il est pris de Manille : Odi te mihi crede quantacunque es, Odi confiteor Camilla, sed quam Et odi et magis in dies magisque Velim odisse, sequi atque amare cogor.


Marie, vous passez en taille, et en visage,
En grace, en ris, en yeus, en sein, et en teton
Vostre plus jeune sœur, d’autant que le bouton
D’un rosier franc surpasse une Rose sauvage.
Je ne sçaurois nier qu’un rosier de bocage
Ne soit plaisant à l’œil et qu’il ne sente bon :
Aussi je ne dy pas que votre sœur Annon
Ne soit belle, mais quoy ! vous l’estes davantage.
Je sçay bien qu’apres vous elle a le premier pris
Et que facilement on deviendroit épris
De son jeune en-bon-point si vous estiez absente.
Mais quand vous paroissez lors sa beauté s’enfuit,
Ou morne elle devient, par la vostre presente,
Comme les astres font, quand la lune reluit.


BELLEAU

Marie vous passez.)

L’autheur faisant l’amour à

Marie ne vouloit pourtant oublier sa sœur Anne ains se vouloit insinuer en sa bonne grace, laquelle encores qu’elle fust belle et moindre, d’aage, si est-ce pourtant que sa sœur la passoit en toute beauté, d’autant que la rose franche surpasse l’esglantiere et sauvage. Car ses beautez (dit-il) ne paroissent non plus devant celles de