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A vous de ce lhierre appartient la Couronne.
Je voudrois, comme il fait, et de nuict et de jour
Me plier contre vous, et languissant d’amour,
D’un nœud ferme enlasser vostre belle colonne.
Ne viendra point le temps, que dessous les rameaux,
Au matin où l’Aurore esveille toutes choses,
En un ciel bien tranquille, au caquet des oiseaux
Je vous puisse baiser à lévres demy-closes,
Et vous conter mon mal, et de mes bras jumeaux
Embrasser à souhait vostre yvoire et vos roses ?


XLVIII

Voyez comme tout change (hé, qui l’eust esperé !)
Vous me souliez donner, maintenant je vous donne
Des bouquets et des fleurs : amour vous abandonne,
Qui seul dedans mon cœur est ferme demeuré.
Des Dames le vouloir n’est jamais mesuré,
Qui d’une extrême ardeur tantost se passionne,
Tantost une froideur extrême l’environne,
Sans avoir un milieu longuement asseuré.
Voilà comme Fortune en se jouant m’abaisse.
Vostre plus grande gloire un temps fut de m’aimer :
Maintenant je vous aime, et languis de tristesse,
Et me voy sans raison de douleur consumer.
Dieu pour punir l’orgueil commet une Déesse :
Vous la cognoissez bien, je n’ose la nommer.


XLIX

Je suis pour vostre amour diversement malade,
Maintenant plein de froid, maintenant de chaleur :