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214 SONETS POUR HELENE LE PREMIER LIVRE DES SONETS POUR HELENE Ce premier jour de May, Helene, je vous jure Par Castor, par Pollux, voz deux freres jumeaux, Par la vigne enlassée à l’entour des ormeaux, Par les prez, par les bois herissez de verdure, Par le Printemps sacré, fils aisné de Nature, Par le sablon qui roule au giron des ruisseaux, Par tous les rossignols, merveille des oiseaux, Qu’autre part je ne veux chercher autre avanture. Vous seule me plaisez : j’ay par election, Et non à la volée, aimé vostre jeunesse : Aussi je prens en gré toute ma passion. Je suis de ma fortune autheur, je le confesse : La vertu m’a conduit en telle affection : Si la vertu me trompe, adieu belle Maistresse. II Quand à longs traits je boy l’amoureuse estincelle Qui sort de tes beaux yeux, les miens sont esblouys : D’esprit ny de raison, troublé, je ne jouys, Et comme yvre d’amour, tout le corps me chancelle. Le cœur me bat au sein : ma chaleur naturelle Se refroidit de peur : mes sens esvanouys